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les principales étapes de la vie de l'Abbaye
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Aperçu historique de l’abbaye de Saint-Sauveur « en Vosges »

L’église qui domine le village au milieu d’une prairie est le chœur gothique de l’ancienne abbaye détruite lors des guerres de religion. L’implantation de l’abbaye bénédictine de Bonmoutier à Saint-Sauveur date de 1010, après un établissement d’origine à Val-et-Châtillon. L’abbaye de Bonmoutier est la plus ancienne connue du département actuel de la Meurthe-et-Moselle. Sa fondation au 7e siècle était contemporaine de celles de Senones, Moyenmoutier, Etival et Saint-Dié, l’ensemble de ces premières abbayes formant la « croix monastique de Lorraine » dont Bonmoutier-Saint-Sauveur constitue la tête. A partir de 1188, les chanoines de Saint Augustin succédèrent aux bénédictins, après un conflit avec la nouvelle abbaye voisine cistercienne de Haute-Seille. L’abbaye possédait d’immenses forêts jusqu’au Donon et avait autorité sur de nombreux villages de la région, de la vallée de la Plaine, du Blâmontois, du Badonvillois et du secteur immédiat. Sans qu’elle semblât avoir jamais été très importante par le nombre des moines, elle devint la nécropole des plus grands seigneurs de la région, en particulier d’Henri Ier de Blâmont, sénéchal de Lorraine, grand bâtisseur, cité dans le Tournoi de Chauvency (1285), et de son épouse Cunégonde de Linange. Le gisant de ce couple illustre, exposé à la Chapelle des Cordeliers à Nancy depuis 1854 après sa découverte dans la prairie de Saint-Sauveur, est le plus beau de Lorraine. En 1570, après une deuxième destruction par les bandes armées qui traversaient l’époque troublée des Guerres de Religion, les moines se résignèrent à quitter Saint-Sauveur pour s’établir à Domèvre. Le chœur, privé de sa nef, devint église paroissiale (1580 ?), alors que du temps de l’abbaye il existait une autre église paroissiale, dédiée à St Nicolas, située derrière l’abbatiale. Vers 1900, un clocher est plaqué sur le tronçon de l’ancien chœur. En 1954, l’église est restaurée : toiture, voûtes, dégagement des fenêtres emmurées, rétablissement des vitraux et de l’autel, suppression des fioritures intérieures et des appentis qui servaient de sacristie etc., et la fin des travaux fut l’occasion d’une inauguration à laquelle participèrent de nombreuses personnalités. En 1969, fut fêté le quatrième centenaire du départ des moines de l’abbaye.


REPERES POUR L’HISTOIRE DE SAINT-SAUVEUR

abbaye de saint-sauveur sous la neige
 


L’abbaye bénédictine Notre-Dame de Saint-Sauveur est à l’origine du village. Elle a été fondée en 1010 par un évêque de Toul.  Elle fêtera donc en 2010 son millénaire et celui du village auquel elle a donné naissance.
Il n’en reste rien aujourd’hui, sinon le chœur de l’ancienne abbatiale tel qu’il avait été restauré au 16eme siècle avant son abandon en 1569 et sa transformation en église paroissiale à partir de 1580. Le clocher a été rajouté à la fin du 19ème ou au début du 20ème  siècle.

Par sa situation géographique, Saint-Sauveur fait partie du massif géologique et forestier des Vosges gréseuses. C’est l’un des villages caractéristiques de ce qu’on appelle le « Piémont vosgien » de Meurthe-et-Moselle. Dominant le plateau lorrain, il est situé sur les premiers contreforts de la montagne du Donon. Le village est perché, entouré de profondes vallées qu’on ne soupçonne pas quand on s’y trouve, mais nettement visibles dès qu’on observe le village de loin. Son altitude moyenne est de 450m et d’où que l’on vienne on y monte. Son territoire très étendu (près de 2000 ha) est constitué d’un immense massif forestier, dont l’ancienne forêt royale de Bousson qui passait pour être avant la tempête de 1999 l’une des plus belles sapinières de France. Il s’élève progressivement à l’est du village pour atteindre des sommets d’environ 700 m jusqu’à la limite avec le département du Bas-Rhin.

Sur le plan historique, l’appartenance « vosgienne » du village se manifeste par l’ancienne appellation qu’on lui donnait au Moyen-Age en latin : « Sancti Salvatoris in Vosago » = Saint-Sauveur-en-Vosges. L’abbaye,  d’abord fondée  à Val-et-Châtillon puis transférée, est d’ailleurs une abbaye « sœur » des abbayes vosgiennes d’Etival, Moyenmoutier, Senones et Saint-Dié, toutes fondées à l’époque mérovingienne (7eme siècle), et forme avec elles sur la carte une sorte de croix appelée la « Croix mystique des Vosges » ou « Sainte-Croix des Vosges ».

L’église actuelle de Saint-Sauveur est construite en grès rose des Vosges. Elle est de style gothique et c’est la plus ancienne des églises des environs (les autres, quand elles ne datent pas de la reconstruction des années 20 sont tout au plus du 18e siècle).
Ce n’est pas non plus une église enserrée entre deux maisons le long d’un village-rue : elle domine le village  (lui même perché) et se trouve  dans les prés, encore entourée de son ancien mur d’enceinte, ou ce qu’il en reste. Ses puissants contreforts sont plantés directement dans l’herbe.
Sainte Croix des Vosges
 


Sainte Croix des Vosges
Extrait de « Antiquités de la Vosges »

1634

 

Sa longue histoire est très mal connue, en raison des destructions successives qu’elle a subies. La charte de fondation est perdue. Aucune gravure, aucun plan n’ont été retrouvés bien que des historiens de plusieurs époques l’aient prise comme sujet d’étude. Parmi ceux-ci, on peut citer : Richer de Senones (13eme siècle), Jean Ruyr (1633), Dom Calmet (18e siècle) et l’abbé Chatton (1898).
Tous se réfèrent au premier d’entre eux : le moine Richer de Senones qui écrivait pendant la deuxième moitié du 13e siècle (Thiébaut 1er, Mathieu II puis Ferry III étaient Ducs de Lorraine et Saint-Louis Roi de France). Voici ce qu’il révèle :
Un premier monastère, nommé Bonmoûtier du nom de l’évêque Bodon de Toul qui le fonda, avait préexisté sur le site actuel de Val-et-Châtillon. C’était un couvent de femmes situé dans une ancienne métairie. Il aurait suivi la règle monastique de St Colomban, moine irlandais qui lança l’évangélisation des Vosges. La règle irlandaise était de rite celtique, différente de la romaine et affranchie des évêques.
Au 9e siècle, les femmes sont remplacées par des hommes suivant la règle de  St Benoît. L’abbaye est citée dans les divers  partages des descendants de Charlemagne.
En 1010, l’évêque de Toul Bertholdus la transfère  sur la montagne proche, en un lieu plus élevé et plus isolé, sur le site actuel de Saint-Sauveur. Il est possible que Bonmoûtier et Saint-Sauveur aient coexisté un temps (En 1188, on est sûr de la disparition de Bonmoûtier).
Saint-Sauveur est consacré à Notre-Dame (voir la statue gothique à l’intérieur). Elle devait abriter entre 12 et 20 moines selon les époques. Elle reçut à sa fondation des terres, des villages, des dîmes sur les églises des alentours (Raon-lès-l’Eau, Pierre-Percée, Badonviller, Cirey, etc.).
En 1047, le pape Léon IX, ancien évêque de Toul, y passe. Il y séjourne peut-être.
En 1138, une magnifique donation est faite à l’abbaye de Saint-Sauveur par Agnès de Langenstein, comtesse de Pierre-Percée. L’abbaye reçoit, entre autres, toutes les forêts jusqu’au Donon !
En forêt, à la croix Bagué en particulier (entre Angomont et Saint-Sauveur), subsistent de grosses  bornes de pierre délimitant les terres appartenant à l’abbaye (datation difficile).

Mais en 1140, la fondation par la même comtesse Agnès, de l’abbaye cistercienne, voisine et rivale, de Haute-Seille (à la sortie de Cirey, il en reste le mur sculpté du portail) inaugure une ère de conflits.
En 1188, les bénédictins sont remplacés par les chanoines de St Augustin.
En 1286, la souveraineté temporelle sur l’abbaye passe à l’évêque de Metz, l’autorité spirituelle restant à l’évêque de Toul.
Ensuite, trois incendies la ravagent :

  1. 1470 : incendie accidentel.
  2. 1524 : guerre « des rustauds », des paysans alsaciens et allemands inspirés par des idées protestantes se révoltent contre les seigneurs et le catholicisme. Ils envahissent la Lorraine et pillent des monastères, dont Saint-Sauveur.
  3. 1568 : lors des guerres de Religion, des huguenots allemands brûlent et détruisent Saint-Sauveur située à proximité du duché de Lorraine catholique, en allant rejoindre et porter secours aux Réformés de France enfermés dans la Rochelle.

 

L’abbaye avait pourtant été restaurée en 1559, dix ans plus tôt (date figurant sur la clef de voûte du chœur). L’abbaye ruinée est abandonnée en 1569 et transférée à Domèvre-sur-Vezouze (abbaye elle-même brûlée en 1587 et supprimée à la Révolution). Un prieuré est maintenu à Saint-Sauveur.
L’ancienne abbatiale de Saint-Sauveur, dont il ne reste que le chœur, privée de sa nef, est consolidée par des contreforts (on y remarque des pierres de réemploi sculptées de motifs romans anciens).
Elle devient église paroissiale (1580 ?), alors que du temps de l’abbaye il existait une autre église paroissiale, dédiée à St Nicolas, située derrière l’abbatiale.
Vers 1880, un clocher est plaqué sur le tronçon de l’ancien chœur (une photo montre l’église sans clocher).
En 1954, l’église est restaurée : toiture, voûtes, dégagement des fenêtres emmurées, rétablissement des vitraux et de l’autel, suppression des fioritures intérieures et des appentis qui servaient de sacristie etc., et la fin des travaux fut l’occasion d’une inauguration à laquelle participèrent de nombreuses personnalités. En 1969, fut fêté le quatrième centenaire du départ des moines de l’abbaye.
En attendant 2010, millénaire de l’abbaye et du village de Saint-Sauveur…

L’intérieur de l’église :

Les parties les plus anciennes sont les colonnettes du 13e siècle prises dans le mur, situées à droite et à gauche de l’entrée à l’intérieur. On remarque les mêmes qui dépassent à l’extérieur (mais plus abîmées) avec leurs « bouquet de persil » qui ornent les chapiteaux gothiques. Des traces de polychromie (peinture ocre ou brune) sont visibles sur le mur intérieur d’entrée au niveau des voûtes. Les colonnes n’ont pas de chapiteaux, les nervures rejoignent directement les voûtes, comme des feuilles de roseaux. Les clefs de voûtes portent toutes des blasons, surmontés de crosses d’abbés. L’une d’elle porte le monogramme SS (Saint-Sauveur).

Un « lavabo » (armoire murale en pierre avec bassins liturgiques) est visible à droite, qui était caché par des boiseries avant la restauration de 1954.

Un haut-relief sculpté représentant la visite des Rois-mages à la Vierge (15e siècle) est encastré dans le mur à droite du chœur. Mais il n’est pas originaire de Saint-Sauveur. Il proviendrait de Neufchâteau, où le même existe aussi. On y voit la Vierge assise dans son lit à la mode médiévale recevant des rois-mages porteurs de cadeaux. Derrière elle, l’âtre brûle et des domestiques chauffent de l’eau (?). L’âne et le bœuf sont visibles. De petits bergers jouent de la cornemuse sur les côtés tandis que des anges retiennent les rideaux qui pourraient nous cacher toute la scène.

La statue de vierge gothique, abîmée, serait du 14e siècle. Une légende assez répandue dans d’autres lieux la concerne : lors du départ des moines pour Domèvre, il aurait été impossible de faire avancer la voiture à cheval qui emmenait la vierge vers leur nouveau monastère. De guerre lasse, les moines l’auraient laissée où elle voulait demeurer !
Des anges en bois porteurs de cierge du 15e siècle (copies, les originaux sont au Musée lorrain) encadrent le tabernacle de fer forgé.

 

L’ancienne abbaye :

Sa longueur est inconnue mais en sortant de l’église on en imagine bien le prolongement sur le terre-plein aplani du pré. Sans doute y avait-il un transept. On sait que l’église commençait
par une grosse tour-porche où étaient sept cloches dont une grosse.
Le vitrail central au dessus du chœur représentait une crucifixion où des anges recueillaient le sang du Christ dans des ciboires.
Il y avait un cloître, sans doute à gauche de l’église, en contrebas. Le chemin qui monte du village à l’église à travers le pré a toujours conservé le nom de « cloître ». Le cloître côté est supportait l’étage du dortoir. Il y a encore une source à cet endroit. Il y avait bien sûr des bâtiments agricoles.
L’abbaye contenait surtout les tombeaux de nombreuses familles nobles de la région. On peut s’en faire une idée en allant voir au Musée Lorrain (église des Cordeliers) à Nancy le magnifique gisant de Henri 1er sire de Blâmont (†1331) et de sa femme Cunégonde de Linange(†1311). Ce tombeau est le plus beau de cette époque au Musée Lorrain et il en occupe la place centrale au milieu de la nef. Il arrive à hauteur d’épaule d’homme et représente un chevalier et sa femme étendus côte à côte en grande tenue. Ce monument de Saint-Sauveur a été donné au musée en  1854 par le maire de l’époque.
D’autres monuments devaient exister dans cette abbaye.
On peut remarquer chez certains habitants de très beaux morceaux de l’abbaye (chapiteaux sculptés par exemple). Le terrain qui entoure l’église étant privé, aucune fouille ne peut y être menée. 

Gisant de Henri 1er de Blâmont et de Cunégonde de Linange
 



           
Gisant de Henri 1er de Blâmont et de Cunégonde de Linange
Abbatiale de Saint-Sauveur – Chapelle des Cordeliers Musée Lorrain Nancy

Et l’histoire moderne…

 

Après le départ des moines, Saint-Sauveur est devenu un village à la vie normale, mais très isolé au milieu de ses forêts. Les moines y ont sans doute conservé un prieuré au moins jusqu’au 18ème siècle.

Erckmann-Chatrian, célèbre romancier populaire du début du 20ème siècle, cite Saint-Sauveur dans « L’invasion » parmi les villages où se rend le héros pour soulever les populations contre l’invasion ennemie à la fin de l’Empire napoléonien. Ce détail est intéressant, en ce qu’il situe Saint-Sauveur dans une énumération de villages plutôt mosellans et d’influence quasi-alsacienne. Il appartenait à l’époque au canton de Lorquin, arrondissement de Sarrebourg et son rattachement à l’arrondissement de Lunéville ne date que de l’annexion.

La position du village pendant la guerre de 1914-1918 à proximité immédiate de la ligne de front du côté allemand a fait fuir ses habitants à partir de 1915. La Croix de Guerre a été décernée à la commune, qui a perdu onze de ses enfants lors de la Grande Guerre.

Aujourd’hui, l’un des plus hauts villages de Meurthe-et-Moselle est un village paisible d’une cinquantaine d’habitants dont la beauté du site attire les promeneurs et les résidents secondaires. Les écarts de Saint-Sauveur sont riches en possibilités de loisirs : un étang de pêche-restaurant à La Gagère fait le bonheur de ceux qui recherchent la nature et qui aiment manger, un refuge du Club Alpin se situe à Norroy et la scierie de Machet est une des dernières scieries hydrauliques de la région. Saint-Sauveur peut être le point de départ de splendides randonnées à travers l’une des plus belles et plus mystérieuses forêts de France.


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